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Les enjeux liés à la gestion des déchets de chantier

La gestion des déchets de chantier représente l'un des défis majeurs du secteur du BTP. Avec 227 millions de tonnes de déchets générés chaque année en France, soit 70% de la production totale de déchets du pays, le secteur de la construction fait face à une responsabilité environnementale considérable. 

Entre obligations réglementaires croissantes, enjeux économiques et impératifs écologiques, les professionnels doivent repenser en profondeur leurs pratiques. Chez Tonnage, nous accompagnons cette transition en facilitant l'accès aux matériaux recyclés et en simplifiant la gestion documentaire de vos chantiers.

Mathilde Decourroie
Par
Mathilde Decourroie
10 septembre 2025
22 min de lecture
Les enjeux liés à la gestion des déchets de chantier


L'ampleur du défi : des chiffres qui interpellent

Un volume colossal de déchets

Le BTP génère des quantités vertigineuses de déchets qui se répartissent en trois catégories principales. Les déchets inertes représentent 72% du volume total avec environ 160 millions de tonnes par an. Il s'agit principalement de matériaux minéraux comme le béton, les briques, les tuiles, les gravats et les terres excavées. Ces matériaux conservent leurs caractéristiques physico-chimiques dans le temps et ne se dégradent pas.

Les déchets non dangereux non inertes constituent 26% des déchets du BTP, soit environ 59 millions de tonnes annuelles. Cette catégorie regroupe le bois, les métaux, le plastique, le plâtre, les isolants et les emballages. Bien que non toxiques, ces matériaux nécessitent des filières de traitement spécifiques pour être valorisés correctement.

Enfin, les déchets dangereux représentent 2% du volume mais concentrent les enjeux sanitaires et environnementaux les plus critiques. L'amiante, les peintures au plomb, les solvants, les hydrocarbures et les équipements contenant des substances dangereuses composent cette catégorie qui exige une gestion rigoureuse et tracée.

L'impact environnemental en question

Au-delà des volumes, l'impact environnemental des déchets mal gérés est considérable. Les dépôts sauvages, qui représentent encore près de 80 000 tonnes par an en France, polluent les sols et les nappes phréatiques. Les substances toxiques s'infiltrent dans les écosystèmes avec des conséquences durables sur la biodiversité et la santé publique.

L'enfouissement systématique des déchets en installation de stockage constitue un gaspillage massif de ressources potentiellement valorisables. Chaque tonne de déchet non recyclée représente l'extraction d'une tonne supplémentaire de ressources naturelles vierges, perpétuant un modèle linéaire insoutenable. Le BTP consomme actuellement 50% des ressources naturelles mondiales, un chiffre qui doit impérativement diminuer.

Le cadre réglementaire : des obligations renforcées

La loi AGEC : un tournant pour le secteur

Promulguée en février 2020, la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC) transforme en profondeur les pratiques du BTP. L'objectif de valoriser 70% des déchets du secteur d'ici 2025 impose une accélération drastique des efforts de tri et de recyclage. Pour le contexte, le taux de valorisation actuel des déchets inertes n'atteint que 33%, laissant entrevoir l'ampleur du chemin à parcourir.

Les chantiers publics doivent désormais intégrer au moins 60% de matériaux issus du réemploi dès 2025, créant une demande structurelle pour les filières de recyclage. Cette obligation pousse l'ensemble du marché vers l'économie circulaire en démontrant la viabilité technique et économique des matériaux recyclés. Les maîtres d'ouvrage publics deviennent ainsi des leviers de transformation du secteur.


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La REP Bâtiment : le principe pollueur-payeur

Entrée en vigueur le 1er mai 2023, la filière à Responsabilité Élargie du Producteur (REP) pour les Produits et Matériaux de Construction du Bâtiment révolutionne le financement de la gestion des déchets. Les fabricants et distributeurs financent désormais la collecte et le traitement des déchets issus de leurs produits via des éco-contributions intégrées aux prix de vente.

Ce système permet aux entreprises du bâtiment de déposer gratuitement leurs déchets triés dans les points de collecte agréés. Depuis 2024, 80% des coûts de traitement des déchets inertes sont pris en charge, et cette prise en charge atteint 100% depuis janvier 2025. Pour les autres catégories de déchets, la reprise gratuite est effective dès lors que le tri est correctement réalisé selon les consignes définies.

Deux éco-organismes agréés assurent le déploiement de cette filière : Écominéro et Valobat. Ils coordonnent le maillage des points de collecte sur le territoire, l'information des professionnels et le suivi de la valorisation des déchets. L'objectif est de faciliter l'accès à la collecte gratuite en multipliant les points de reprise à proximité des zones d'activité.

Le tri obligatoire : décret 7/9 flux

Le décret du 16 juillet 2021 impose à toutes les entreprises du BTP de trier à la source neuf flux de déchets. Les sept flux généraux comprennent le papier-carton, le métal, le plastique, le verre, le bois, les biodéchets et les textiles. Deux flux supplémentaires concernent spécifiquement le BTP : les fractions minérales (gravats, béton, briques, tuiles) et le plâtre.

Cette obligation de tri s'applique à tous les professionnels, de la TPE au grand groupe, avec quelques dérogations possibles. Un chantier peut être dispensé du tri si sa production de déchets est inférieure à 1 100 litres par semaine, si l'espace de stockage disponible est inférieur à 40 m², ou si le volume total de déchets généré est inférieur à 10 m³. En pratique, la majorité des chantiers restent soumis à l'obligation de tri.

Les obligations dans les devis et diagnostics

Depuis le 1er juillet 2021, les entreprises du BTP doivent obligatoirement mentionner dans leurs devis les modalités de gestion des déchets. Cette mention doit préciser l'estimation des quantités de déchets par catégorie, la description des modalités de gestion et de tri sur le chantier, et les coûts associés à cette gestion. Cette transparence permet aux maîtres d'ouvrage d'intégrer pleinement la dimension déchets dans leur décision.

Pour les chantiers de démolition ou de réhabilitation significative, un diagnostic produits-équipements-matériaux-déchets (PEMD) est devenu obligatoire depuis le 1er juillet 2023. Ce diagnostic identifie les gisements de matériaux réutilisables et quantifie les déchets qui seront produits. Il constitue un outil précieux pour planifier la déconstruction sélective et maximiser le réemploi plutôt que l'élimination.

La traçabilité renforcée

La traçabilité des déchets s'impose comme un pilier de la gestion responsable. Pour les déchets dangereux, l'utilisation de la plateforme Trackdéchets est obligatoire. Cette plateforme numérique gère les bordereaux de suivi des déchets dangereux (BSDD) et assure une traçabilité complète de la production au traitement final.

Depuis le 1er janvier 2022, le registre national des déchets, terres excavées et sédiments (RNDTS) impose aux producteurs et traiteurs de terres excavées de saisir des informations détaillées sur ces flux. Cette obligation vise à lutter contre les dépôts sauvages et à structurer les filières de valorisation des terres.

À partir de 2025, les éco-organismes devront mettre en place un outil unifié de traçabilité accessible via un guichet unique, simplifiant considérablement les démarches administratives actuellement dispersées entre de multiples systèmes.

Les enjeux économiques de la gestion des déchets

Des coûts significatifs mais optimisables

La gestion des déchets représente un poste de dépense important pour les entreprises du BTP, estimé entre 2% et 5% du coût total d'un chantier selon sa nature. Ce coût englobe la location des bennes, le transport vers les centres de traitement, les taxes d'enfouissement ou d'incinération, et le temps passé à organiser la logistique des déchets.

Cependant, un tri efficace permet de réduire ces coûts de 30% à 40%. Les déchets triés accèdent à des filières de valorisation moins coûteuses que l'élimination en installation de stockage. Certains matériaux comme les métaux peuvent même générer des revenus lors de leur revente. La REP Bâtiment amplifie cette logique économique en rendant la reprise des déchets triés entièrement gratuite.

La valorisation comme source de revenus

Au-delà de la réduction des coûts d'élimination, la valorisation des déchets crée de nouvelles opportunités économiques. Les métaux ferreux et non ferreux se revendent facilement sur le marché du recyclage avec des cours fluctuants mais généralement intéressants. Un chantier de démolition peut ainsi récupérer plusieurs milliers d'euros en valorisant ses ferrailles.

Le bois de qualité, une fois trié et débarrassé de ses éléments polluants, trouve des débouchés en valorisation matière pour la fabrication de panneaux ou en valorisation énergétique pour les chaufferies. Les gravats et bétons concassés se transforment en granulats recyclés commercialisables auprès des entreprises de travaux routiers ou de terrassement.

Chez Tonnage, nous facilitons cette économie circulaire en mettant en relation les producteurs de granulats recyclés avec les entreprises qui en recherchent. Notre plateforme permet de valoriser vos déblais tout en approvisionnant vos chantiers en matériaux recyclés conformes aux normes.

L'image et la compétitivité

Une gestion exemplaire des déchets devient un argument commercial différenciant. Les maîtres d'ouvrage, particulièrement dans le secteur public et pour les grands groupes privés, intègrent de plus en plus de critères environnementaux dans leurs appels d'offres. Les entreprises certifiées ISO 14001 ou engagées dans des démarches de chantier zéro déchet augmentent significativement leurs chances d'être retenues.

Cette tendance s'accentue avec la montée en puissance des labels et certifications environnementales comme HQE, BREEAM ou LEED, qui exigent des taux de valorisation élevés et une traçabilité rigoureuse des déchets. Les entreprises qui anticipent ces exigences se positionnent avantageusement sur un marché en pleine transformation.

Source : ISO 14001

Les sanctions en cas de non-conformité

Des amendes dissuasives

Le non-respect des obligations légales expose les entreprises à des sanctions financières importantes. Un dépôt sauvage de déchets professionnels peut entraîner une amende allant jusqu'à 75 000 euros et deux ans d'emprisonnement pour les cas les plus graves. Même pour un dépôt depuis un véhicule léger, l'amende s'élève à 1 500 euros.

L'absence de tri des déchets selon le décret 7/9 flux, le défaut de mention dans les devis, ou le non-respect des obligations de traçabilité exposent également à des sanctions administratives et pénales. Les contrôles se multiplient et les autorités adoptent une approche de plus en plus ferme face aux manquements.

La responsabilité jusqu'à valorisation finale

Un principe fondamental du droit des déchets place le producteur comme responsable de ses déchets jusqu'à leur valorisation ou élimination finale, même lorsqu'il confie leur gestion à un tiers. Concrètement, si une entreprise fait appel à un prestataire non autorisé qui abandonne les déchets dans la nature, le producteur initial reste juridiquement responsable et peut être poursuivi.

Cette responsabilité étendue impose de vérifier systématiquement que les prestataires de collecte et de traitement disposent des autorisations préfectorales nécessaires. Les entreprises doivent conserver les bordereaux de suivi et les certificats de traitement pour prouver leur bonne foi en cas de contrôle.

Les solutions pour une gestion efficace

L'organisation du chantier : la clé du succès

Une bonne gestion des déchets commence dès la phase de préparation du chantier. Le conducteur de travaux doit anticiper les volumes par catégorie, identifier les filières de collecte disponibles à proximité, et dimensionner les zones de stockage nécessaires. Cette planification évite l'improvisation qui conduit souvent au mélange des déchets et à des coûts de traitement élevés.

Sur le chantier, l'installation de bennes séparées pour chaque flux facilite le tri à la source. Un marquage clair et des consignes affichées aident les compagnons à adopter les bons réflexes. La désignation d'un référent déchets, souvent appelé « homme vert », permet de superviser le tri et de corriger rapidement les erreurs.

Le positionnement stratégique des bennes près des zones de production des déchets réduit les déplacements et améliore le taux de participation des équipes. Un chantier bien organisé peut atteindre des taux de valorisation supérieurs à 80%, comme l'a démontré le projet Recygénie à Gennevilliers.

La massification : optimiser les coûts de collecte

Pour les entreprises disposant d'un dépôt ou d'une base travaux, la massification des déchets permet d'optimiser considérablement les coûts. Plutôt que de faire enlever de petites bennes de chaque chantier, l'entreprise regroupe ses déchets dans son dépôt et organise des enlèvements de gros volumes négociés à des tarifs plus avantageux.

Cette approche nécessite un espace de stockage adapté avec des zones dédiées pour chaque flux, mais les économies réalisées compensent largement cet investissement. La massification facilite également les contrôles qualité du tri avant enlèvement et réduit les risques de refus par les centres de traitement.

Les plateformes numériques : simplifier la gestion

Plusieurs outils numériques facilitent désormais la gestion quotidienne des déchets de chantier. La plateforme Trackdéchets gère les bordereaux dématérialisés pour les déchets dangereux et évite les erreurs de saisie. Le site MaTerrio.construction, développé par les professionnels du secteur, cartographie les points de collecte et les filières de valorisation disponibles partout en France.

Les applications mobiles permettent aux chefs de chantier de photographier les bennes, d'enregistrer les enlèvements et de suivre en temps réel les volumes produits et les coûts associés. Cette digitalisation améliore la traçabilité et fournit des données précieuses pour optimiser les chantiers futurs.

Le réemploi : réduire à la source

La meilleure façon de gérer un déchet est de ne pas le produire. Le réemploi de matériaux et produits récupérés lors des déconstructions permet de réduire drastiquement les volumes de déchets tout en économisant sur les achats de matériaux neufs. Les portes, fenêtres, radiateurs, luminaires, sanitaires et même certains éléments structurels peuvent souvent être réutilisés.

Le diagnostic PEMD obligatoire pour les démolitions identifie systématiquement ces gisements de réemploi. Des plateformes comme La Petite Rockette ou Backacia mettent en relation les détenteurs de matériaux avec les acheteurs potentiels. Bien que le taux de réemploi reste encore faible (moins de 1%), cette pratique se développe rapidement portée par les impératifs économiques et environnementaux.

Les filières de valorisation : où vont les déchets ?

Les déchets inertes : de multiples débouchés

Les gravats, bétons, briques et terres excavées non polluées trouvent de nombreux débouchés en valorisation matière. Après concassage et criblage, ils deviennent des granulats recyclés utilisables en remblais, couches de forme routières, soubassements de voiries ou même dans la fabrication de nouveaux bétons selon leur qualité.

Les Installations de Stockage de Déchets Inertes (ISDI) constituent la solution d'élimination lorsque la valorisation n'est pas possible, mais le coût croissant de l'enfouissement et les objectifs réglementaires poussent à maximiser le recyclage. Les carrières en fin d'exploitation accueillent également des déchets inertes pour leur réaménagement selon des conditions strictes définies par l'arrêté du 12 décembre 2014.

Tonnage vous met en relation avec des plateformes de recyclage certifiées qui transforment vos déchets inertes en granulats conformes aux normes NF EN 13242, NF EN 12620 et NF P 18-545. Nous assurons la traçabilité complète avec les fiches techniques produits et les certificats de conformité.

Stockage de déchets inertes en Haute-Garonne : "Comme à Tchernobyl, la pollution ne s’arrêtera pas aux portes du chantier"


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Les déchets non dangereux : tri et spécialisation

Chaque flux de déchets non dangereux suit une filière spécialisée. Le bois massif non traité rejoint les filières de valorisation énergétique en chaufferies industrielles ou de valorisation matière en panneaux de particules. Les bois traités nécessitent un traitement spécifique dans des installations autorisées.

Les métaux ferreux et non ferreux sont fondus et réintègrent les circuits de production industrielle avec des taux de recyclage proches de 100%. Le plastique, plus complexe à recycler en raison de sa diversité, suit différentes voies selon sa nature : régénération en granulés pour le PVC, recyclage mécanique pour le polyéthylène, ou valorisation énergétique pour les plastiques non recyclables.

Le plâtre, séparé des autres flux depuis le décret 7/9 flux, se recycle entièrement en nouveaux produits plâtriers. Les fabricants de plaques de plâtre intègrent jusqu'à 30% de plâtre recyclé dans leur production, créant une boucle vertueuse qui réduit l'extraction de gypse naturel.

Les déchets dangereux : des filières ultra-spécialisées

L'amiante, déchet dangereux fréquent dans les chantiers de rénovation et démolition, nécessite des entreprises certifiées pour son désamiantage et son transport vers des centres de traitement agréés. L'enfouissement en installation de stockage de déchets dangereux (ISDD) dans des alvéoles étanches reste actuellement la seule solution autorisée en France.

Les peintures, solvants, colles et produits chimiques rejoignent des centres de traitement spécialisés qui les incinèrent dans des conditions contrôlées ou les régénèrent selon leur nature. Les équipements électriques et électroniques suivent les filières DEEE (Déchets d'Équipements Électriques et Électroniques) avec des taux de valorisation élevés grâce à la récupération des métaux et composants.

Les innovations qui transforment la gestion des déchets

L'intelligence artificielle au service du tri

Des start-ups développent des solutions basées sur l'intelligence artificielle pour optimiser le tri des déchets. Des capteurs installés sur les bennes analysent en temps réel le contenu, détectent les erreurs de tri et alertent instantanément les équipes. Ces systèmes prédisent également le taux de remplissage pour optimiser les tournées de collecte et réduire les coûts de transport.

La reconnaissance d'images par deep learning permet d'identifier automatiquement la nature des déchets sur les photos prises par les chefs de chantier. Ces données alimentent des tableaux de bord qui suivent les performances de tri chantier par chantier et identifient les axes d'amélioration prioritaires.


Source: https://www.lyoncapitale.fr/actualite/lyon-le-premier-centre-de-tri-des-dechets-a-intelligence-artificielle


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Les plateformes d'économie circulaire

Des places de marché numériques facilitent l'échange de matériaux entre chantiers. Un projet de démolition produit des gravats qui deviennent simultanément la ressource d'un chantier de terrassement à proximité. Ces plateformes optimisent les flux logistiques en limitant les transports inutiles et créent de la valeur en transformant des coûts d'élimination en revenus de vente.

Certaines entreprises innovantes proposent des services de déconstruction sélective qui maximisent la récupération de matériaux réutilisables. Équipées de bases de données précises sur les valeurs de revente, elles conseillent les maîtres d'ouvrage sur les arbitrages économiques entre démolition rapide et déconstruction minutieuse.

Les matériaux à bilan carbone négatif

La recherche développe des matériaux qui absorbent plus de CO₂ qu'ils n'en émettent lors de leur production. Les bétons de chanvre capturent du carbone atmosphérique pendant la croissance du chanvre, créant un puits de carbone dans les murs. Les isolants biosourcés stockent également du carbone tout au long de leur vie dans le bâtiment.

Ces innovations transforment le paradigme de la gestion des déchets : plutôt que de minimiser les impacts négatifs, elles créent des impacts positifs. Les bâtiments deviennent des stocks temporaires de matériaux à haute valeur qui seront récupérés et réutilisés lors de leur déconstruction future.

Le rôle des différents acteurs

Les maîtres d'ouvrage : impulser le changement

Les maîtres d'ouvrage, particulièrement publics, disposent d'un pouvoir de levier considérable à travers leurs cahiers des charges. En imposant des taux minimaux de valorisation, en exigeant la traçabilité complète des déchets et en favorisant l'utilisation de matériaux recyclés, ils orientent l'ensemble du marché vers des pratiques vertueuses.

L'intégration d'objectifs chiffrés dans les marchés publics créé une émulation positive entre les entreprises qui développent leur expertise pour répondre à ces exigences. Les critères environnementaux dans l'attribution des marchés récompensent les démarches proactives et pénalisent l'immobilisme.

Les entreprises : se former et s'équiper

Les entreprises du BTP doivent investir dans la formation de leurs équipes aux bonnes pratiques de tri et de valorisation. Cette formation concerne tous les niveaux, des dirigeants qui définissent la stratégie aux compagnons qui trient quotidiennement sur les chantiers. La sensibilisation régulière maintient les bonnes habitudes et intègre les évolutions réglementaires.

L'équipement des chantiers en bennes adaptées, en zones de stockage organisées et en outils de traçabilité numériques représente un investissement nécessaire. Les retours sur investissement s'observent rapidement à travers la réduction des coûts de traitement et l'amélioration de la productivité grâce à une meilleure organisation.

Les éco-organismes : faciliter et financer

Écominéro et Valobat, les deux éco-organismes agréés pour la REP Bâtiment, jouent un rôle central dans la structuration des filières. Ils financent le déploiement de nouveaux points de collecte, particulièrement dans les zones rurales actuellement sous-équipées. Leur objectif est d'atteindre un maillage territorial permettant à chaque entreprise d'accéder à un point de collecte gratuit à moins de 10 km en zone urbaine et moins de 20 km en zone rurale.

Ils développent également des outils d'information et de formation pour accompagner les entreprises dans l'appropriation des nouvelles obligations. Les campagnes de communication expliquent les consignes de tri, les points de collecte disponibles et les bénéfices économiques de la démarche.

Tonnage : votre partenaire pour une gestion durable

Faciliter l'accès aux matériaux recyclés

Chez Tonnage, nous facilitons l'intégration des granulats recyclés dans vos chantiers en vous mettant en relation avec plus de 5 200 sites fournisseurs incluant des plateformes de recyclage certifiées. Que vous recherchiez des graves recyclées pour vos assises de chaussées, des bétons concassés pour vos remblais ou des terres excavées valorisées pour vos couches de forme, nous trouvons les solutions conformes à proximité de vos chantiers.

Nous vérifions systématiquement la conformité des matériaux proposés avec les normes européennes NF EN 12620, NF EN 13242 et NF P 18-545. Les fiches techniques produits, les certificats de conformité CE et les résultats d'essais sont centralisés sur notre plateforme pour une traçabilité totale de vos approvisionnements.

Simplifier votre gestion documentaire

La traçabilité des déchets et des matériaux recyclés génère une masse importante de documents qu'il faut conserver et produire en cas de contrôle. Notre plateforme centralise tous ces éléments : bons de livraison dématérialisés, déclarations d'acceptation préalable pour les chantiers SSP, bordereaux de suivi, factures et attestations de traitement.

Cette centralisation vous fait gagner un temps précieux et sécurise vos chantiers en cas d'audit. Vous accédez à l'historique complet de vos flux de matériaux en quelques clics, facilitant le reporting vers vos clients et la justification de vos taux de valorisation.

Optimiser vos coûts

Les matériaux recyclés offrent généralement des prix compétitifs par rapport aux matériaux vierges tout en répondant aux mêmes exigences techniques. Nos consultations comparatives vous permettent d'identifier les meilleures offres du marché et de réaliser des économies substantielles sur vos postes granulats.

En valorisant vos propres déblais et en vous approvisionnant en matériaux recyclés, vous réduisez simultanément vos coûts d'élimination et vos coûts d'achat. Cette double optimisation améliore la rentabilité de vos chantiers tout en répondant aux objectifs environnementaux de vos clients.

Vers un BTP zéro déchet

L'ambition des chantiers exemplaires

Certains chantiers pionniers démontrent qu'il est possible d'atteindre des taux de valorisation supérieurs à 90%. La démarche « Zéro Déchet Ultime » mise en œuvre sur le chantier des Hauts Bâtons à Noisy-le-Grand a réduit drastiquement les emballages en organisant des livraisons groupées sur palettes réutilisables. Un référent déchets présent quotidiennement contrôlait le tri et sensibilisait les compagnons.

Ces expérimentations créent des retours d'expérience précieux qui inspirent l'ensemble de la filière. Les méthodes éprouvées se diffusent progressivement et deviennent des standards de bonnes pratiques accessibles à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.

La circularité au cœur de la conception

L'éco-conception intègre dès la phase de conception la question de la fin de vie du bâtiment. Les architectes et bureaux d'études choisissent des matériaux facilement démontables et réutilisables, évitent les assemblages complexes qui compliquent la séparation des matériaux, et conçoivent des bâtiments modulaires adaptables aux évolutions d'usage.

Cette approche transforme le bâtiment en banque de matériaux temporaire dont les composants pourront alimenter de futurs chantiers. Les passeports matériaux numériques qui documentent précisément les matériaux utilisés facilitent cette récupération plusieurs décennies plus tard.

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L'engagement de toute la filière

La transformation vers un BTP durable nécessite l'engagement coordonné de tous les acteurs. Les industriels développent des matériaux recyclables et des systèmes constructifs démontables. Les maîtres d'ouvrage inscrivent les objectifs environnementaux au cœur de leurs programmes. Les maîtres d'œuvre intègrent ces contraintes dans leurs conceptions. Les entreprises s'équipent et forment leurs équipes. Les plateformes de recyclage investissent dans des installations performantes.

Cette mobilisation collective, soutenue par un cadre réglementaire ambitieux et des incitations économiques cohérentes, dessine les contours d'un BTP régénératif qui préserve les ressources et limite son empreinte environnementale.

En résumé : transformer la contrainte en opportunité

La gestion des déchets de chantier, longtemps perçue comme une contrainte coûteuse, devient un levier de compétitivité et d'innovation. Les entreprises qui anticipent les évolutions réglementaires, investissent dans les bonnes pratiques et structurent leurs filières de valorisation se positionnent avantageusement sur un marché en transformation.

Les objectifs ambitieux de 70% de valorisation et d'intégration de 60% de matériaux recyclés dans les chantiers publics créent des opportunités économiques considérables pour les acteurs qui sauront s'adapter. L'économie circulaire n'est plus une option mais une réalité incontournable du BTP de demain.


Mathilde Decourroie
Mathilde Decourroie
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